Sarah Samisack
Inukjuak, Nunavik
« Les mères utilisent les amautis pour porter les bébés. Ils permettent le contact peau à peau du bébé avec sa mère. Cela reproduit notre tout premier contact. C’est difficile à décrire. C’est une situation propre aux femmes inuites. »

À propos de la création de Sarah :

Je voulais faire partie de ce projet, car il est important pour moi qu’on se souvienne des femmes et des filles disparues ou assassinées parce qu’elles sont toutes des mères, des tantes, des sœurs ou des amies. En tant que femme, nous devons prendre soin les unes des autres, et c’est ce que je fais en participant à ce projet.

J’ai confectionné un amauti rouge traditionnel du style Nunavik. L’akulik (la partie inférieure de l’amauti) a été dessiné par des femmes inuites novatrices, qui se sont inspirées de la lèvre supérieure d’un caribou (l’akuk) pour le concevoir.

À propos de Sarah Samisack, Inukjuak, Nunavik

Je m’appelle Sarah Samisack et je suis originaire d’Inukjuak Nunavik. J’ai 29 ans et j’ai quatre magnifiques filles. Je couds depuis environ 15 ans. J’ai appris à coudre grâce à ma grand-mère, que j’appelle « maman », car elle m’a adoptée à ma naissance. J’ai trois sœurs et un frère. J’ai commencé à coudre lorsque j’étais en quatrième année, mais c’est au début de mon adolescence que je me suis intéressée plus sérieusement à la couture. C’est en regardant ma grand-mère et ma mère que j’ai voulu devenir couturière. Les vêtements traditionnels inuits sont magnifiques, et cela me donne envie d’en confectionner d’autres. J’adore l’automne, car c’est la période de l’année où l’on commence à voir les beaux vêtements traditionnels que les grands-mères, les mères, les sœurs et les filles ont fabriqués, ainsi que les nouvelles tendances.

Dans mon enfance, je m’intéressais aussi beaucoup aux techniques traditionnelles de nettoyage des peaux, que j’ai apprises de ma grand-mère maternelle : Anna Samisack. Elle m’a appris à coudre, comme l’ont fait aussi mes amis, mes tantes et presque toute la communauté, en fait. Il y a longtemps, tout le monde enseignait la couture aux autres. Aujourd’hui, peu de gens sont prêts à le faire. Je suis reconnaissante, car dans mon enfance, toute la communauté partageait ses connaissances avec moi.

Quand j’ai commencé à coudre, beaucoup de personnes me montraient leurs patrons, mais aujourd’hui, ce n’est plus une pratique courante. Par conséquent, j’ai commencé à dessiner mes propres patrons et à trouver la meilleure façon de les mettre en valeur. Aujourd’hui, je peux dessiner mes propres patrons pour pratiquement tous les vêtements que je veux fabriquer. Je confectionne un grand nombre de parkas, d’amautis, de pantalons de neige, de vêtements de chasse, de kamituinaat (bottes) en peau de phoque, de pantalons en fourrure d’ours polaire, de mitaines et de vestes antimoustiques. J’étais également couturière dans le cadre du projet Atigi 2.0 de Canada Goose.

J’adore coudre, surtout lorsqu’il s’agit de confectionner des vêtements pour mes enfants. J’essaie toujours d’enseigner à mes enfants qu’ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent s’ils y mettent de la volonté. Pendant environ 10 ans, j’ai travaillé dans notre garderie locale et à l’école où j’enseignais l’inuktitut aux élèves de première et de deuxième année.

En octobre 2021, j’ai démarré mon entreprise, Sarah Samisack Designs dans le but de montrer à mes filles qu’il est possible de faire ce qu’on aime, et de leur enseigner la couture. Ma fille aînée a déjà commencé à suivre mes leçons de couture. J’ai suivi la formation intitulée Démarrer votre entreprise offerte par Kativik Ilisarnilirinik. J’ai appris beaucoup de choses intéressantes dans le cadre des cours, mais j’aimerais poursuivre mes études. Ma prochaine étape sera de suivre un programme de trois ans en design de mode. Toutefois, ce programme n’est pas offert dans ma communauté. C’est pourquoi je n’ai pas encore franchi cette étape. Je ne suis pas prête à quitter ma communauté.